Quand le vidéoclip devient un moyen d’expression pour les audio-spectateurs – J. PEQUIGNOT

Nous sommes le 18 août 2018 (oui oui !), plus que 6 jours avant le rendu de notre article scientifique ! C’est un peu la panique, comme vous devez vous en douter, mais c’est aussi l’occasion de vous présenter un article de Péquignot : « Clip et discours : pragmatique de l’énonciation » parut dans la revue Volume ! du numéro « Watching Music » qu’on ne vous présente plus…

Dans cet article, Péquignot, va s’appuyer sur le discours produits par les commentateurs des vidéoclips sur Youtube. Ainsi il va passer « en revue les différents modes de lecture enclenchés au contact de ses objets ».

Comme beaucoup d’auteur, Péquignot, considère que le vidéoclip est encore peu étudié, mais il est aussi :

un objet difficilement saisissable en tant qu’objet de recherche

Pendant longtemps considéré, comme un objet découlant de d’autres types d’objets audiovisuels (Gaudin), le vidéoclip constitue néanmoins un lien avec les usagers. Ainsi, Péquignot va s’appuyer sur le modèle sémio-pragramatique (Odin) pour étudier deux vidéoclips : « Et si en plus y’a personne »(Souchon) et « L’hymne de nos campagnes » (Tryo). Il va ainsi, partir des « traces » déposés en ligne sur Youtube, pour « déduire des modes de lecture mis en oeuvre au contact de ces clips ».

Le vidéoclip est selon lui, résistant à ce que l’on désirerait qu’il soit, notamment en terme de définition. La définition du vidéoclip est mouvante et évolue avec l’objet, mais elle n’a jamais (d’après nos lectures) été aisée. Le choix de cette étude, aborde l’objet par « contournement » en analysant les discours qu’il provoque.

Son hybridité lui donne un caractère archétypal au sein de l’audiovisuel […] ; son illégitimité patente […] lui a permis « d’échapper » à la normativité institutionnelle qui guette tout objet digne.

Le vidéoclip, réussit – là ou le cinéma échoue – à renverser les codes des pratiques de consommation. Il n’est pas :

embarrassé par les conventions et s’épanouit […].

Il poursuit son développement, en mobilisant Chion et Vernallis. Le premier, considère le vidéoclip comme « n’importe quoi de visuel mis sur une chanson (Chion 1990). Mais qui réussit tout de même a être le modèle qui fusionne plusieurs genre. Vernallis quant à elle va permettre d’ouvrir la porte « à la nécessitée d’une approche pragmatique. C’est à partir de ça que Péquignot va construire son :

Approche du clip, paradigmatiquement pragmatique et théoriquement sémio-pragmatique.

Considéré rapidement comme un laboratoire du cinéma, le vidéoclip le devient davantage lorsqu’il est pensé du point de vue pragmatique.

Il poursuit son analyse par l’étude de cas des deux vidéoclips cités plus haut. Il va donc tenter d’évaluer les « incidences pratiques » et les « types de production de sens qu’ils ont pu permettre chez certains spectateurs. »

Ces productions de sens sont déduites de l’examen de traces repérables au sein du discours – les commentaires déposés sur Youtube – produits au sujet des clips.

Son étude des commentaires comprend 1 805 commentaires pour les deux clips. Il précise seulement que cette analyse porte sur la production de sens et que :

la montée en généralité ne peut néanmoins etre qu’abductive en attendant d’etre confirmée ou infirmée grace à de nouvelles investigations […] à un certain niveau de récurrence inductive.

Après examen des commentaires, Péquignot constate que les commentaires ne traitent pas réellement de l’objet, ni de sa réalisions, mais plutôt sur le message porté par le vidéoclip. Le thème central de Souchon, est l’écologie, une sorte de « plaidoyer pour la terre » tandis que celui de Tryo traite des religions et « plus particulièrement de leurs visions fanatiques […] ». Le visionnage semble provoquer de vive réaction chez les audio-spectateurs puisqu’ils s’expriment au moyen du commentaire pour revendiquer leurs opinions politiques. Le but de cette analyse est pas de trouver un sens à l’objet mais de :

[…] d’éxaminer ce que les spectateurs-commentateurs leur ont fait être, montrer ou dire.

Il tente d’établir un lien entre le discours produit par le visionnage pour définir des modes de lectures. En évaluant les commentaires, il parvient à démontrer qu’il existe un discours, non pas entre les commentateurs, mais bien entre le clip et l’audio-spectateurs qui arrive à devenir « énonciateur » mais aussi grâce « au niveau des valeurs d’énonciations » évaluées.

Dans son ouvrage précédent, Péquignot a déjà proposé un « élargissement des propositions faites par Roger Odin ». Ce dernier séparait la production d’énergie de la production de sens provenant du mode de lecture. Ce qu’Odin nomme une « lecture énergétique », une sorte de mode de lecture « privilégié » du vidéoclip.

Vous l’aurez compris, le postulat de départ de Péquignot, est très différent du notre. En effet, notre étude prend son départ A PARTIR des usagers alors que la sienne par de la finalité qu’engendre l’usage du vidéoclip . Nos recherches – l’une qualitative et l’une quantitative – s’opposent par la méthode, mais converge (nous l’avons vu), en certains points.

Le + de l’article : Bien que cette étude, ne porte pas sur les modes de visionnage du vidéoclip à proprement parlé, c’est l’une des rares qui tente d’analyser les « modes de lecture » que suscite le vidéoclip.

Pour aller + loin : Péquignot a fait du vidéoclip l’objet central de sa recherche. C’est en 2002, qu’il réalise sa première étude sur le sujet lors de son mémoire intitulé « Pour une approche sémiopragmatique du clip », sous la direction d’Odin. Lors de son doctorat en Science de l’Information et de la Communication en 2010, il soutien alors sa thèse intitulé :  « Pour une sociologie métainterprétative. Le clip et ses discours, de la tentation postmoderne à la nécessité pragmatique ».

 

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